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Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #13

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois ; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, professeur de conduite et de communication, en accord avec son équipe de recherche de l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #13

Scénario

C’est la guerre en EUROPE. Il y a quelques jours, l’adversaire a fait valoir des revendications territoriales pour la région de PETIT-BÂLE – RIEHEN. Actuellement, une manœuvre (déploiement) d’une division mécanisée ennemie a lieu entre ALTKIRCH – LÖRRACH – WEHR.

Ces derniers jours, des forces irrégulières ont mené plusieurs actions de sabotage ciblées sur des installations de recherche et de services à BASEL (peu de dommages collatéraux). En outre, elles ont attaqué des infrastructures civiles critiques (centre de distribution Coop PRATTELN, EW RHEINFELDEN) ainsi que le poste de commandement du bataillon d’infanterie 65 à MAISPRACH avec des armes d’infanterie et des armes antichars (RPG).

Les postes de douane de ST. LOUIS, WEIL, RHEINFELDEN et BAD SÄCKINGEN sont fermés. On constate une forte augmentation des passages illégaux de la frontière par le RHIN (1000 par semaine). L’OFAC soutient l’armée.

L’augmentation des réfugiés pousse à la violence des groupes d’autodéfense et alimente l’attitude négative des citoyens suisses à l’égard des réfugiés.

Adversaire

Possibilité d’évolution de la situation déterminante

L’adversaire peut, après avoir atteint l’objectif intermédiaire de la brigade RHEINFELDEN, pousser en 1h avec un bataillon mécanisé, une compagnie, 1 section de front en direction de MAGDEN et ensuite avec deux compagnies l’une à côté de l’autre 2 sections de front à travers MAGDEN, afin de décharger en 3 à 6h sa poussée principale le long de l’A2.

Autres possibilités de développement de la situation

L’adversaire peut, après avoir atteint l’objectif d’attaque AUGST, pousser en 2h avec un bataillon mécanisé, une compagnie, une section en front sur OLSBERG vers MAGDEN, afin de décharger en 1–2h sa poussée principale le long de l’A3.

Dans tous les cas, l’adversaire peut
  • (forces armées régulières) Préparer son assaut avec l’artillerie sans tenir compte de l’occupation civile ou des biens culturels;
  • (forces armées irrégulières, forces d’opérations spéciales) Au moyen de la propagande et/ou de la guerre psychologique, diriger les flux de réfugiés de manière à ce qu’ils évitent l’offensive principale et protègent son flanc, limitant ainsi notre mobilité;
  • (défense civile CH) Marquer sa présence dans la zone frontalière de RHEINFELDEN au moyen de patrouilles et de checkpoints.

Moyens propres

Vous commandez la 2e compagnie du bataillon d’infanterie 65 et avez subordonné les moyens suivants pour l’accomplissement de la mission :

  • 3 sections d’infanterie avec 4 groupes chacun. Celles-ci disposent chacune d’un char de grenadiers à roues (y compris 12,7 mitrailleuse distance d’engagement jusqu’à 1000m), 2 mini-mitrailleuses (distance d’engagement 600m), 4 RGW (arme antichar 200-300m) ;
  • 1 section de mortiers (y compris 4 mortiers 8,1cm distance d’engagement 4000m) ;
  • 2 équipes d’éclaireurs (4 éclaireurs par équipe, un fusil tireur d’élite 20+accessoires, distance d’engagement 800m et un appareil de conduite de tir à arc mortier 8,1cm).

En outre, vous recevez les moyens suivants :

  • 6 charges explosives cratère 88 ;
  • 10 NLAW (arme guidée antichar 400-600m) ;
  • 2 moyens mini UAV avec une durée d’engagement de 15′ par charge.

Votre compagnie est en service depuis des semaines. Depuis le secteur d’attente de LIESTAL, vous avez jusqu’à présent rempli des missions de stabilisation et terminé l’instruction liée à l’engagement. L’engagement à MAGDEN est donc le premier engagement de combat de la compagnie.

Mission

Vous venez de recevoir les ordres du commandant de bataillon et vous avez reçu la mission suivante :

  • La cp inf 65/2 tient le chaudron MAGDEN et empêche une poussée ennemie à travers MAGDEN, direction A2.

Les formations voisines ont reçu les missions suivantes :

  • La cp inf 65/1 bloque à RHEINFELDEN-EST et se tient prête à accueillir la cp 65/3.
  • La cp inf 65/3 exploite l’ennemi dans le secteur de RHEINFELDEN-OUEST, bloque le pont dans la vieille ville de RHEIFELDEN et se tient prête à détruire l’ennemi qui a fait une percée dans le RÖTIHOF ainsi qu’à protéger le flanc MÖHLIN en faveur du Bataillon mécanisé 14.
  • La cp inf appui 65 empêche l’ouverture du pont EW SALINE et EW RIBURG et appuie les compagnies d’infanterie avec des tirs d’arc.

Enivronnement

Délais de temps

Au cours des 12 prochaines heures, vous devez explorer le secteur d’engagement et présenter une première décision au commandant de bataillon dans le cadre du dialogue tactique. Les préparatifs de combat doivent être terminés dès la fin du dialogue tactique dans les 72 h suivantes et la compagnie doit être prête au combat.

Questions

  • Mettez-vous à la place de l’adversaire : comment prendriez-vous MAGDEN et le garderiez-vous ouvert pour les forces suivantes ?
  • Quelle est votre décision pour tenir MAGDEN et empêcher une poussée ennemie à travers MAGDEN en direction de l’A2 ?
  • Où et comment déployez-vous vos moyens antichars (articulation, espaces de feu, espaces de position) ?
  • Où et avec quels moyens canalisez-vous l’adversaire ?
  • Où planifiez-vous les espaces de feu pour le tir à l’arc et leurs espaces de mouvement ?

Une esquisse de décision est souhaitée et suffisante.

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #13

Deux solutions nous sont parvenues pour le Tactical Decision Game #13 ; il est probable que certains tacticiens soient encore en hibernation ou paralysés par les développements géopolitiques. Une chose est sûre : le bat méch 14 n’est apparemment pas concerné, car les deux solutions nous sont parvenues de cette formation. La question se pose maintenant de savoir si l’officier d’appui-feu ou le S2 de cette formation remportera le prix ? Les deux contributions sont d’ailleurs accompagnées de représentations impeccables, l’une d’entre elles ayant même été soumise sous forme de layer .milxlyz. Pour tous ceux qui ont encore un potentiel de développement tactique pendant leur temps libre : sur https://www.map.army/, chacun peut dessiner, enregistrer et partager ses layers. Idéal pour la préparation des cours de répétition et plus encore. Mais venons-en aux choses essentielles :

Tout d’abord, les deux solutions sont évaluées en fonction de leur complexité. La solution du S2 comprend sept pages, dont six illustrations (un layer rouge, une analyse du terrain, un layer décision de base, trois layers sur les trois phases de la décision). C’est un travail consciencieux et compréhensible. Cependant, la simplicité a aussi son importance. La solution de of AF comprend deux pages et un layer et répond également à toutes les questions, c’est pourquoi il remporte le premier point : 1:0.

L’analyse du terrain par l’of AF est également un argument en sa faveur, comme le montre la concentration des forces à l’ouest de la route principale. Il divise le terrain en quatre phases (LPh), bien que je recommande de parler de lignes de coordination (LC) en défense. En attaque, nous nous attendons à ce que les LPh soient traitées l’une après l’autre, phase par phase. En défense, nous devons cependant avoir une compréhension plus dynamique : nous pouvons peut-être retirer une section vers une LC, pour la réutiliser plus tard deux LC plus loin pour une contre-attaque. Les tirs de mortier ou l’exploration peuvent également être coordonnés à l’aide des LC, sans qu’elles soient traitées de manière séquentielle. Il convient de souligner que le S2 s’est procuré des cartes des bunkers historiques près d’ÄNGI, ce qui permet de visualiser non seulement la barrière antichar dans le fond de la vallée, mais aussi le fort d’infanterie et son contrefort sur les flancs. Il va sans dire que nous utiliserons ce type d’infrastructure de combat même lorsqu’elle aura été mise hors service. Pour cette idée, le S2 égalise à 1:1.

Ensuite, j’évalue la représentation ROUGE, qui est fondamentalement la même (depuis la région de RHEINFELDEN, avec au maximum une section en première ligne, avançant dans le chaudron de MAGDEN) : l’orientation de l’of AF concernant l’adversaire est claire en termes de forces, mais j’utiliserais le terme populaire de changement d’échelon avec plus de parcimonie. Deux changements d’échelons sur 2 km me semblent un peu trop de micro-management – de plus, une formation qui dépasse une autre n’est pas forcément un changement d’échelon (bien que le terme ou la différence puisse être défini à l’occasion). Le S2 souligne également dans sa présentation la menace sur les flancs (est-ce que j’ai entendu S2 ?), c’est pourquoi ce point lui revient également : 1:2.

Dans son intention même, l’of AF prévoit un déroulement simple : dans une première phase, une section use l’adversaire dans l’avant-terrain d’ÄNGI et deux sections se tiennent prêtes à bloquer côte à côte la périphérie de MAGDEN. Dans une deuxième phase, la section de l’avant-terrain se retire et bloque MAGDEN Est, de sorte que trois sections finissent par bloquer côte à côte. Les deux sections extérieures se tiennent également prêtes à lancer des contre-attaques par les flancs. La solution S2 prévoit également une section dans l’avant-terrain, en utilisant l’infrastructure de combat décrite ci-dessus. Le point d’appui centrale est alors effectué par une section sur la route principale, sur laquelle l’adversaire doit être canalisé. Il reste ainsi une troisième section derrière le point d’appui prête à effectuer des contre-attaques de flanc des deux côtés. Il n’est pas facile d’attribuer des points ici ; dans tous les cas, un total de 3 points doit être attribué pour la décision. En effet, la disposition du S2 d’une section dans l’avant-terrain me semble plus efficace (en exploitant les positions historiques), ce qui lui vaut un point supplémentaire ; 1:3. Cependant, l’utilisation en terrain urbain me semble plus appropriée dans la solution de l’of AF. La mise en place de deux sections côte à côte – et même de trois après le retrait de la section depuit l’avant-terrain – correspond au principe de « disloquer les moyens et synchroniser les effets ». De plus, il me semble plus facile d’effectuer des contre-attaques dans le cadre d’une demi-section avec les moyens de l’infanterie sur un terrain bâti que de les coordonner au niveau de la compagnie, comme prévu dans la solution du S2. Le rapport est donc de 2:3. Je donne un troisième point pour le choix d’un Killing Ground déterminé. Dans la solution de l’of AF, à partir de la périphérie de MAGDEN, un tel terrain n’est pas immédiatement évident pour moi. Il en va autrement pour le S2, où le point d’appui de MAGDEN n’est prévu qu’après 200 mètres dans le village ; une condition idéale pour bloquer l’adversaire sur la route principale – et cela correspond également à l’intention de canaliser l’adversaire sur cette route. Cela semble séduisant sur le plan psychologique et permet également d’accueillir un nombre suffisant d’adversaire. Je lui accorde un point supplémentaire, ce qui porte le score final à 2:4. Cette fois, le vainqueur aux points est le S2, le capitaine Raphael Iselin. The winner takes it all, mais il est prié d’emprunter le livre « Call Sign CHAOS – learning to lead » de Jim Mattis et Bing West à son camarade, le capitaine Robin Wehrle, lors du prochain service. Félicitations !

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Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #12

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois ; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, professeur de conduite et de communication, en accord avec son équipe de recherche de l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #12

Scénario

La SUISSE est en guerre depuis plusieurs mois. Les combats ouverts se limitent à l’EST de la SUISSE, mais l’ensemble du territoire national est la cible d’actions d’espionnage et d’attentats. Ce sont surtout l’administration fédérale, les organisations internationales et les services publics qui sont touchés.

La situation est également instable en SUISSE ROMANDE. L’armée a pris la responsabilité de la zone dans les régions particulièrement menacées. C’est notamment le cas là où l’adversaire tente de nous entraver dans nos secteurs d’attente.

Dans la région de CHANCY, suite à un attentat avec un camion chargé d’explosifs, plusieurs bâtiments ont été endommagés et partiellement détruits, entre autres le poste de commandement de la compagnie d’infanterie 65/2 et la gare d’EPEISSES.

La principale conduite d’eau de la région a été endommagée lors de l’attentat et a inondé un parking souterrain, mettant en danger les moyens de transport réservés aux formations mécanisées.

Le poste de commandement du bataillon d’infanterie 65 à EPEISSES a été attaqué par les troupes d’un groupe terroriste, les ELTI, dans le chaos qui s’en est suivi. Le dépôt de munitions avancé a été touché et le bâtiment s’est effondré à l’ouest. Certaines routes ont été partiellement bloquées.

En réaction aux activités de l’ELTI, l’HeBü, une milice locale organisée de manière indépendante, a renforcé sa présence dans la région.

Adversaire

ELTI (ELBONIAN Tigers): Groupe terroriste

  • Arme de poing, quelques armes antichars
  • MANPAD
  • Charges explosives improvisées
  • Capacité à commettre des attentats, vol de matériel militaire

Irréguliers

ViHe (Vigilance Helvétique): Organisation paramilitaire comptant environ 200 membres dans la région

  • Armes de poing, notamment anciennes armes de l’armée (fusil d’assaut 90, fusil d’assaut 57, divers pistolets)
  • Gilets de protection achetés à titre privé
  • Matériel de barrage, en partie propriété privée, en partie des communes
  • Camions, camionnettes, minibus
  • Capacité à la recherche de renseignements auprès de la population en raison de l’ancrage local

Moyens propres

Vous commandez une compagnie de sauvetage :

  • 1 section de commandement
  • 3 sections de sauvetage
  • 1 section d’appui

La compagnie de sauvetage est équipée d’armes personnelles (fusils d’assaut et pistolets). Elles disposent d’un équipement technique composé de :

  • 3 assortiments de sections de sauvetage avec du petit matériel pour le sauvetage en décombres,
  • 2 assortiments d’intervention en décombres avec des moyens spécifiques pour le sauvetage en décombres,
  • 2 transporteurs d’eau et
  • 3 assortiments d’intervention en cas d’incendie avec un kilomètre de tuyau chacun.

Mission

La compagnie de sauvetage intervient dans le village d’EPEISSES (sauvetage de débris), protège et maintient (transport d’eau et lutte contre l’incendie) le mode de transport réservé.

Enivronnement

Le village d’EPEISSES est situé dans une cuvette de terrain. Il comprend une gare avec transport de marchandises, un dépôt de carburant (une citerne), un centre commercial ainsi que diverses infrastructures commerciales et résidentielles. Le village abrite également le poste de commandement du bataillon d’infanterie 65 ainsi que le poste de commandement de la compagnie d’infanterie 65/2.

Rapports de temps

Début de mission immédiat, durée prévue de la mission 48 heures

Questions

  • Comment procéderiez-vous pour le sauvetage ? Quels sont vos ordres ?
  • Quelles mesures prenez-vous contre l’ELTI ?
  • Comment réagissez-vous face à la ViHe ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #12

Deux propositions de solution ont été reçues pour le TMD#12, qui se distinguent sur un point essentiel, à savoir le traitement de la « HeBü ». Cette organisation fictive a été introduite dans le cadre méthodologique « LU-17 » et décrit des forces irrégulières qui ont tendance à être amicales envers la Suisse et donc envers l’armée. Dans le cadre d’exercices, la HeBü est décrite afin de sensibiliser la troupe au fait que chaque irrégulier ne représente pas automatiquement un adversaire. Compte tenu de l’importance des formations de volontaires dans la défense de l’Ukraine, la question se pose également pour la Suisse de savoir comment traiter les forces amicales mais irrégulières. Les deux solutions proposées avancent chacune des arguments crédibles, mais aboutissent à des conclusions différentes.

Le cap I. résume sa position en un paragraphe : « La collaboration devrait être réglée par la guerre déjà en cours dans les Rules of Behavior (RdB) et être connue du cdt cp. En Ukraine, les ‹ bataillons de volontaires › initiaux sont devenus une partie officielle des forces armées ukrainiennes en tant que ‹ Territorial Defense Forces ›. Après des mois de guerre, la Suisse aura elle aussi du mal à se passer de milliers de volontaires. C’est pourquoi je pars très fortement du principe qu’une collaboration sera autorisée. Pour une première et une deuxième phase, je ne veux dans la zone sinistrée que des militaires et des personnes directement concernées. Ainsi, la situation chaotique ne sera pas encore plus confuse et une éventuelle infiltration par ELTI sera plus difficile ». Il s’agit d’une utilisation différenciée de la ressource « HeBü ».

Le Lt M. exprime des préoccupations plus détaillées sur la question « Comment gérez-vous la HeBü ? »: « Leur attitude émotionnelle et énergétique est difficile à contrôler. […]. Une intégration des membres de la HeBü dans des activités d’aide civile en dehors de la zone centrale serait cependant à mon avis supportable. Autres justifications pour une prise de distance opérationnelle : l’armée a le monopole de la violence étatique, […] la HeBü est une organisation autoproclamée sans légitimation officielle […]. De plus, la HeBü a une structure de commandement peu claire, pas de procédures d’engagement standardisées et pas de communication sécurisée […]. Un niveau de formation inconnu […] ainsi qu’un risque potentiel de mise en danger de soi-même […] des loyautés peu claires de certains membres de la HeBü […] danger dans une fuite d’informations non souhaitée […] ».

Les deux auteurs abordent cette question de manière spécifique et différenciée. Il faut espérer que ces questions seront tranchées par le niveau de commandement stratégique avant une guerre en Suisse, afin que les commandants d’unité n’aient pas à se poser cette question.

Sur le fond, je partage la perspective du cap I. ; je considère qu’il est exclu de défendre la Suisse avec l’effectif actuel de l’armée sans intégrer des volontaires ou coopérer avec eux – la Suisse connaît de par son histoire des conceptions de ce type, il suffit de penser par exemple aux corps de défense locaux. Dans la réponse au TDG, j’accorde toutefois une plus grande valeur à la solution du lieutenant M., car il développe de manière très différenciée les problèmes liés à la gestion des irréguliers. Même ceux qui sont prêts à considérer la Hebü comme partenaire potentiel de l’armée ne peuvent pas éviter de prendre en compte les risques correspondants. De plus, le lieutenant M. a fait d’autres réflexions habiles dans sa solution, comme la demande de spécialistes et une décision claire sous forme de carte. Nous n’aborderons pas ces deux points ici, mais ils sont suffisants pour que le Lt Ralph Meier reçoive le livre « Positive Leadership » du Dr Markus Ebner, présenté dans la newsletter #12. Nous le félicitons chaleureusement.

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Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #11

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois ; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Dr. Florian Demont, éthicien militaire à la chaire de conduite et de communication, de l’Académie militaire de l’EPF de Zurich, rend hommage à la recommandation d’action qui mérite le plus d’être discutée.

Jeu de décision de Leader’s Digest #11

Scénario

La Suisse est en guerre. L’utilisation à grande échelle de drones pour la reconnaissance et comme moyen de combat est devenue une réalité dans les conflits récents et a également fait son entrée dans l’armée suisse. Les premiers essaims de drones destinés à repousser les essaims de drones adverses ont été testés et introduits avec succès. L’armée a toutefois continué de définir et d’imposer l’homme dans la boucle comme principe de base pour l’utilisation de systèmes autonomes.

Après des cyberattaques persistantes, l’adversaire a attaqué les stations radar d’altitude avec des missiles de croisière et les a en grande partie détruites. L’armée a pris des positions de défense dans l’Oberland zurichois et a installé des capteurs acoustiques et optiques de grande portée. Les troupes au sol proches du front ont résisté aux premiers raids aériens et aux attaques de drones. Il y a toujours des survols de drones de reconnaissance qui permettent des tirs d’artillerie à longue portée et l’engagement de drones de combat adverses sur des emplacements de troupes et des capteurs. Au cours des combats, des drones propres ont été utilisés pour repousser les drones de reconnaissance et de combat, en partie avec succès. Ces mesures ont toutefois entraîné la chute d’un gros drone de combat adverse au-dessus d’une zone habitée, ce qui a causé la mort de plusieurs civils.

La situation est désormais la suivante : Le poste de commandement de l’unité de front reçoit l’alerte selon laquelle un essaim de drones de taille moyenne est en approche. La trajectoire est fortement aléatoire, ce qui laisse supposer un pilotage autonome, basé sur l’IA, sans trajectoire prédéfinie. Le soldat responsable de l’engagement de ses propres essaims de drones avec fonction de recherche autonome par intelligence artificielle signale que les drones sont prêts à être engagés. Il sait toutefois, grâce à l’instruction, que la précision de visée de ses propres drones est parfois très différente. En même temps, la reconnaissance par drone signale que les troupes terrestres ennemies se préparent à une attaque.

Les mouvements de l’essaim de drones ennemis sont si imprévisibles que les capteurs ne fournissent que des vecteurs de vol imprécis et des cibles potentielles. L’utilisation de sa propre défense antiaérienne est problématique contre ces drones, car ils volent trop bas et de manière imprévisible. Une ligne rouge virtuelle marque le dernier moment à partir duquel des dommages collatéraux et des victimes civiles au sein de la propre population ne peuvent plus être exclus – et cette ligne rouge s’approche rapidement. Le déploiement de son propre essaim de drones pourrait causer des dommages collatéraux à la population civile dans les zones proches de la frontière.

Le commandant responsable de l’engagement de son propre essaim de drones est soumis à une pression massive pour agir. Il s’agirait du premier engagement d’un essaim de drones autonomes dans ce conflit par l’armée suisse. De plus, le commandant doit s’assurer qu’il est en mesure de repousser une éventuelle attaque au sol avec ses troupes.

Questions

  • Comment agiriez-vous en tant que commandant ?
  • Qui est responsable de l’utilisation des essaims de drones ?
  • Comment doit-on traiter le thème de l’intelligence artificielle, dans un contexte où d’autres ont pris l’homme-out-of-the-loop et misent sur l’autonomie totale des systèmes de combat ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #11

Nous avons reçu quatre participations au jeu de décision de novembre. Les solutions présentées montrent une réflexion approfondie sur la question tactique, éthique et aussi technique et illustrent la complexité de la problématique en question.

Le commandant est confronté à une décision complexe et multidimensionnelle. Comme l’ont souligné les participants, la situation comprend trois menaces qui, à première vue, semblent indépendantes les unes des autres : D’une part, l’essaim de drones de taille moyenne contrôlés par l’IA et dont la cible est inconnue, d’autre part, l’attaque par des troupes au sol. A cela s’ajoute un troisième danger, celui des dommages collatéraux potentiels pour la population civile.

La solution proposée par le cap Raphael Iselin se distingue par sa profondeur et sa clairvoyance. Il va au-delà de la simple prise de décision et analyse la situation en détail en tenant compte des points de vue technique, tactique et éthique. Sa structuration claire de différents scénarios et l’évaluation minutieuse de leurs conséquences sont particulièrement convaincantes. Ses réflexions ne tiennent pas seulement compte des nécessités militaires immédiates, mais aussi des conséquences à plus long terme qui peuvent résulter de l’utilisation de la technologie.

Il convient également de souligner la manière dont Iselin souligne la flexibilité de sa perspective. Au lieu d’être figé dans une décision rigide, il propose une approche qui peut être adaptée aux possibilités techniques des drones et à la situation tactique. La combinaison entre la retenue dans l’utilisation des drones jusqu’au « last responsible moment » et l’option d’utiliser les drones de manière ciblée pour la défense ou l’appui au sol montre un bon degré d’adaptabilité. Son approche différenciée des menaces et sa capacité à anticiper les conséquences potentielles, tant pour les civils que pour l’efficacité militaire, rendent sa proposition non seulement éthiquement justifiée, mais aussi tactiquement intelligente.

Enfin, Iselin convainc par ses arguments sur la responsabilité et les implications éthiques de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Sa position claire, selon laquelle la responsabilité doit être répartie le long d’une chaîne de commandement transparente, montre une prise de conscience de l’importance des normes juridiques et morales. Dans l’ensemble, Iselin ne propose pas seulement une solution, mais un concept entièrement réfléchi qui répond aux défis de la guerre moderne avec intelligence et intégrité. Grâce à cette combinaison de détails, d’approche innovante et de clarté morale, nous lui décernons à nouveau un exemplaire de « The Five Dysfunctions of a Team » de Patrick Lencioni. Nous remercions tous les participants pour leur participation active et leurs envois stimulants.

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Leader's Digest Leader's Digest #10 Newsletter

Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #10

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois ; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, enseignant de conduite et de communication à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #10

Scénario

La guerre fait rage en Europe. La Suisse s’est préparée depuis des semaines à une invasion imminente et est restée pour l’instant indifférente, mais il y a quelques jours, l’offensive ennemie sur BÂLE est devenue réalité. Des points d’appui proches de la frontière, au nord de notre bataillon, ont déjà pu infliger de lourdes pertes à l’ennemi. Il s’agit maintenant d’empêcher l’adversaire de poursuivre son avancée.

Adversaire

Après la défaite de l’attaque au nord, l’ennemi se réorganise et tentera dans quelques jours une nouvelle offensive avec des forces fraîches. Nous attendons pour notre région un bataillon mécanisé ROUGE (3x groupement tactique mécanisé) comme élément de pointe.

1 groupement tactique mécanisé ROUGE

  • 1 section de chars de grenadiers à roues + 1 moyen de déblaiement
  • 1 section de grenadiers de chars + 1 moyen de déblaiement
  • 1 section de commandement + 2 chars de grenadiers
  • 1 section de chars de combat + 1 moyen de déblaiement
  • 1 section d’éclaireurs

Moyens propres

Le moral des troupes est bon et elles sont confiantes grâce aux succès remportés dans le nord. Le bataillon d’infanterie de montagne 91 a maintenant été mis à contribution pour former un poids lourd dans la région de BÂLE. Il ne reste que quelques jours pour effectuer les préparatifs de combat et mettre en place le dispositif de défense.

La compagnie d’infanterie de montagne 91/2 est renforcée à cet effet avec une section lance-mines 8,1 cm et une section d’éclaireurs.

Les formations voisines, les compagnies 1 et 3, ont pour mission de canaliser l’adversaire en direction du carrefour 9123 et d’empêcher un flanquement par leur secteur respectif.

Mission

La cp inf mont 91/2 (+) empêche une poussée à travers son secteur.

Enivronnement

La population du centre de la ville de BÂLE a été évacuée en grande partie. Utilisez éventuellement www.map.geo.admin.ch pour vous faire une idée plus précise ; le carrefour central est la BURGFELDERPLATZ.

Rapports de temps

La plupart des carrefours sont reliés par une canalisation marchable. Le temps de déplacement sur 500m est d’environ 10 min.

Questions

  • Comment avez-vous positionné vos sections ?
  • Quelle mission avez-vous donnée à vos sections ?
  • Comment assurez-vous la résistance de vos troupes ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #10

Nous avons reçu quatre réponses au jeu de décision du mois d’octobre – un formidable retour sur un problème tactique, avec un résultat réjouissant : quatre solutions compréhensibles avec de vraies variantes.

Toutes les solutions ont en commun diverses considérations sur le repositionnement de la section de lance-mines, l’utilisation des canalisations, l’entraînement de contre-assauts, la création de dépôts de munitions, etc. Même si ces aspects créent des conditions favorables importantes, ils ne seront pas discutés ici. Il s’agit tout simplement de mettre en œuvre les anciens standards de l’Armée 95 ou les connaissances acquises au cours des deux dernières années. C’est pourquoi je me concentre dans l’évaluation sur la répartition des trois sections d’infanterie.

Pour mieux comparer les différences, il convient de formuler leur disposition spatiale du nord au sud et l’idée de combat correspondante.

La première solution « ALFA » (dans l’ordre de la soumission) présente un schéma 1 – 2 : Une section use l’adversaire à l’avant-terrain jusqu’au carrefour 9123 et se retire ensuite en tant que réserve de compagnie ; au sud du carrefour, deux sections usent l’adversaire l’une à côté de l’autre et ne l’arrêtent que relativement profondément dans notre propre secteur, à la hauteur de BRAUSEBAD–SPALENTOR.

La deuxième solution « BRAVO » prévoit 1 – 1 – 1, les trois sections l’un derrière l’autre menant la chasse dans l’espace qui leur est attribué.

La troisième solution « CHARLIE » prévoit 2 – 1 avec deux sections formant deux points d’appui côte à côte en première ligne et une troisième section en réserve de compagnie pour la conduite de combat mobile.

La quatrième solution « DELTA » est un 1 – 1 – 1 côte à côte, avec la section centrale qui barre le carrefour 9123 et une section sur chaque flanc (dont celle de droite avec responsabilité spatiale pour l’usure sur l’avant-terrain).

Parmi les quatre variantes, je me prononce personnellement pour ALFA. Je partage l’avis que les conditions sont meilleures dans la profondeur de notre propre espace que dans l’espace du carrefour 9123. Si j’y prévoyais mon point d’appui central, il serait relativement facile pour l’adversaire de l’attaquer de manière concentrique : De ce point de vue, la protection des flancs de la solution DELTA est compréhensible et j’aime particulièrement le fait que l’adversaire se voit présenter trois sections côte à côte. Ainsi, il est obligé de se disperser ou de négliger des sections à partir desquelles je peux mener des contre-assauts. Cependant, le risque me semble trop élevé si loin devant. Là, l’adversaire a la possibilité de se disperser et d’agir ensemble le long d’au moins deux et jusqu’à quatre axes sur le carrefour principal. La solution CHARLIE présente à mon avis un problème similaire. La juxtaposition de deux points d’appui me semble très efficace – mais ici aussi trop en avant. BRAVO est certainement innovante en ce sens qu’au lieu de la solution des points d’appui prévue par la doctrine de l’infanterie, elle mise sur le combat de chasse avec responsabilité spatiale pour les trois sections. Côte à côte, je donnerais encore une certaine chance à cela, mais en les plaçant l’un derrière l’autre, je permets à l’adversaire de concentrer sa force sur une seule section à la fois – je transforme ma propre compagnie en salami. En revanche, ALFA utilise d’une part la profondeur de son propre espace. L’étalement des routes vers le sud à partir du carrefour 9123 entraîne automatiquement un étalement des forces de l’adversaire – ou, s’il se concentre, un espace de mouvement pour mes contre-assauts et même contre-attaques. Dans les deux cas, je peux en tirer des avantages, soit pour un combat plus statique, soit pour un combat plus dynamique. Cependant, je ferais cela de manière encore plus cohérente et j’alignerais les trois mouvements l’un à côté de l’autre, par exemple sur la ligne ALLSCHWILERPLATZ–POINT 276 (ou BRAUSEBAD)–SPALENTOR. Le propre avant-terrain peut être laissé en toute confiance à la section d’éclaireurs qui, avec ses six groupes, reconnaît dans une première phase l’effort principal de l’adversaire et, dans une deuxième phase, dès que l’adversaire est arrivé sur la ligne des points d’appui, use l’adversaire et dirige les tirs de lance-mines sur l’adversaire stoppé et donc forcé de débarquer.

La solution ALFA me semble tenir compte en grande partie de ces points de vue. En outre, il est tout à fait possible d’argumenter que l’adversaire limite son action aux axes principaux en direction de BRAUSEBAD et de SPALENTOR, ce qui permet à la troisième section d’utiliser le secteur ALLSCHWILERPLATZ pour les contre-attaques, ce qui correspond alors parfaitement à la solution ALFA. Dans tous les cas, l’auteur, le cap Robin Wehrle, a bien mérité son prix : Nous le félicitons pour sa victoire et un exemplaire de « How to Think Like an Officer » de Reed Robert Bonadonna.

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Leader's Digest Leader's Digest #9 Newsletter

Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #9

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par dr. phil. Florian Demont, collaborateur scientifique des études conduite et communication de l’Académie militaire de l’EPF de Zurich avec une spécialisation en éthique militaire.

Jeu de décision de Leader’s Digest #9

Scénario

Croyance et savoir

Peu avant midi, le premier-lieutenant Güldenstern était assis, recroquevillé, sur le sol poussiéreux de l’arrière-cour, enfermé entre la façade d’un café désaffecté et le mur austère d’une boulangerie. Depuis trois mois que les combats ont atteint le village, le quartier était à l’arrêt, enveloppé dans les ombres d’un passé que le propriétaire étranger du café avait emporté avec lui dans son pays. Le premier lieutenant, les jambes serrées contre lui, les coudes lourds sur ses genoux, cachait son visage dans ses mains. Ses cheveux, bien qu’encore à moitié peignés, portaient des traces de négligence – un témoignage silencieux de la normalité perdue.

Absorbé, il ne remarqua pas que la jeune femme, une employée de la boulangerie, se faufilait silencieusement dans la cour, une cigarette entre les lèvres. Le craquement soudain d’un briquet Zippo brisa le silence. Surpris, il releva la tête, son regard se posa sur la femme qui, d’un geste insouciant, lui offrit une cigarette. « Tu veux en fumer une avec moi ? », demanda-t-elle, sa voix contrastant doucement avec le poids de ses pensées. Fatigué, épuisé, il fit signe que non, mais à sa question suivante, à savoir si cela le dérangeait qu’elle s’assoie avec lui, il répondit par un signe de tête fatigué.

Tandis qu’elle s’installait à côté de lui, une conversation s’engagea sur la situation de la guerre, ses mots coulant avec un mélange d’espoir et de résignation. « Après cinq jours sans combats, sans bombes et sans tirs de mines – peut-être que le pire est passé. Je pense que le pire est passé », réfléchit-elle en tirant profondément sur sa cigarette. « J’envisage de fuir vers l’intérieur du pays, comme tant d’autres. Mais mon patron veut continuer à faire tourner la boulangerie. Vous avez repoussé les dernières attaques, cela me donne de l’espoir ».

Le premier-lieutenant, les yeux grands ouverts dans l’obscurité de la cour, secoua lentement la tête. « Je ne sais pas », avoua-t-il, la voix rauque d’inquiétude. « Je crains que le prochain coup ne soit imminent. Notre force de frappe est tombée à trente pour cent. Nous avons perdu trop de monde… trop de morts… et nous n’avons presque plus de munitions ».

La jeune femme a tiré pensivement sur sa cigarette, a écarté ses cheveux de son visage, puis a laissé échapper en passant que Mme Leuzinger, l’institutrice de maternelle, avait succombé hier à ses blessures après cinq jours. « Elle allait chercher du matériel à l’école maternelle quand l’attaque a eu lieu. Un obus de mortier… » Sa voix s’est brisée. « C’est grave ce que nous vivons ».

« Mme Leuzinger ? », répéta doucement le premier-lieutenant. Lorsqu’elle acquiesça, il baissa la tête. « Oui, c’est grave. Parfois, je me demande si tout cela a encore un sens ».

Elle le regarda droit dans les yeux, les yeux fermement décidés. « Vous vous êtes battus avec courage jusqu’à présent. Nous devons croire en nous ».

Il fixa le vide. « Plus la foi est grande, plus la connaissance est faible », finit-il par murmurer. « Et je ne sais vraiment pas si nous pouvons encore arrêter l’ennemi ».

Dans cette arrière-cour, entourée des fantômes d’un café au repos et de la noirceur de la guerre, ne couvaient pas seulement les braises de leurs cigarettes, mais aussi les dernières braises de l’espoir – lugubres et incertaines.

Être humain

Le premier-lieutenant Güldenstern était assis dans sa chambre lugubre de l’auberge de la Croix-Blanche, entouré de papiers éparpillés et de l’iPad brisé qui lui servait de dernier lien avec le monde extérieur. L’écran, criblé de fissures, reflétait la réalité éclatée de son commandement. Les messages qu’il déchiffrait péniblement émanaient du chef des opérations du bataillon, le major Kramer, qui ne connaissait pas la douceur dans sa voix lorsqu’il avait réprimandé Güldenstern lors d’un récent appel téléphonique cinglant.

« Güldenstern, ne remets pas en question ta mission maintenant. Tu as un ordre, et cet ordre est que ta compagnie barre l’axe. Et ce jusqu’au dernier homme. Bon sang ! Pas un pas en arrière », avait ordonné Kramer avec force, comme si la détermination de ses mots suffisait à elle seule à faire plier la réalité. « Soyez un peu créatif, bon sang ! » Cet ordre résonnait désormais dans l’esprit de Güldenstern tandis qu’il regardait les rues désertes par la fenêtre.

Dehors, la vie continuait, même si pour certains c’était une vie de fuite. Un père remplissait sa Skoda de valises, tandis qu’une petite fille apportait un gros ours en peluche, témoin muet de la déchirure qui régnait en ces lieux. La mère, le visage marqué par les pleurs, portait un autre enfant. Güldenstern les regarda finalement s’éloigner vers ce qu’il pensait être un environnement plus sûr à l’intérieur des terres.

De retour dans la solitude de sa chambre, Güldenstern commença à s’interroger sur le sens de sa mission. Les exigences du Major Kramer de garder l’axe à tout prix résonnaient à ses oreilles tandis qu’il relisait sa dernière correspondance. Les perspectives étaient sombres ; l’ennemi semblait se renforcer et ses propres ressources s’amenuisaient à vue d’œil. « Je me fous de tout le reste », avait dit Kramer. Mais pour Güldenstern, ce n’était pas le cas. Les victimes, les combats, les petites et grandes tragédies – tout cela n’était pas sans importance.

Dans un moment de silence, interrompu seulement par le crépitement du vieux parquet sous ses pieds, Güldenstern a senti le poids de la responsabilité. Il savait que chaque ordre qu’il donnait avait le potentiel de coûter ou de sauver des vies. Les doutes qui commençaient à naître en lui étaient subtils, mais dans le silence de sa chambre, ils devenaient plus forts. Combien de temps encore pourrait-il mener un combat utile si les conditions étaient si désespérées ? Quand le point serait-il atteint où la défense ne serait plus seulement une tâche militaire, mais une question d’humanité ?

Il prit le téléphone, déterminé à parler une nouvelle fois à Kramer, même s’il savait que cela ne changerait pas grand-chose. Mais à cet instant, il hésita. Son regard se posa à nouveau sur la fenêtre par laquelle il avait vu la famille s’éloigner. La décision de se battre ou non était plus qu’une simple question tactique ; c’était une question éthique qui touchait au cœur même de ce que signifiait suivre les ordres tout en étant humain.

Güldenstern prit une profonde inspiration et raccrocha le téléphone. La nuit tombait, et avec elle l’incertitude. Mais dans cette incertitude, il y avait aussi une sorte de clarté. Peut-être, pensa-t-il, le véritable défi n’était-il pas de tenir l’axe, mais de décider quand le prix de la défense devenait trop élevé.

Vérité

A 6 heures précises, comme chaque matin, à moins que les circonstances de la guerre ne l’empêchent, le premier-lieutenant Güldenstern prenait une douche froide. Mais avant ce rafraîchissement matinal, il effectuait une course de 45 minutes et quelques exercices physiques à l’aube. Ces rituels quotidiens n’étaient pas seulement une question d’hygiène corporelle pour lui, mais constituaient un solide rempart contre le chaos ambiant. Ils lui donnaient le sentiment d’une certaine normalité, d’un ordre dont il avait désespérément besoin pour faire face aux déchirements du monde en dehors de son poste de commandement. Grâce à cette routine, il se donnait la force d’affronter les imprévus de la journée.

Après la course et les exercices, toujours sous la douche froide, Güldenstern réfléchissait à ce qu’il annoncerait au rapport de compagnie, prévu dans moins de deux heures. Il espérait vivement de bonnes nouvelles du Major Kramer, que les renforts promis étaient enfin en route. Mais lorsqu’il est retourné dans sa chambre après la douche pour prendre son petit-déjeuner spartiate – trois œufs légèrement cuits et une tasse de café filtre -, il n’a rien trouvé d’encourageant sur son iPad. Pas de nouvelles du bataillon, juste la confirmation sinistre par les éclaireurs et les services de renseignement qu’une attaque ennemie était attendue dans les 36 heures. Les ordres n’avaient pas changé, la pression restait inchangée.

A contrecœur, il ouvrit quelques journaux en ligne, un rituel dont il avait presque perdu l’habitude. Les gros titres parlaient de la fuite de la population civile vers l’intérieur du pays, d’attaques imminentes et de crimes de guerre présumés commis par l’ennemi. Les politiciens lançaient des slogans d’endurance et les habituelles histoires héroïques de soldats suisses combattant courageusement – des récits que Güldenstern trouvait désormais plus cyniques qu’inspirants.

Il ferma l’iPad d’un geste presque résigné. Les nouvelles ne changeaient rien à la réalité de sa compagnie, rien à la pression immédiate que ses hommes ressentaient et rien à l’espoir qui s’amenuisait et qu’il voyait chaque jour dans leurs yeux. Güldenstern avait réalisé que son monde, la petite portion de réalité dont il était responsable, était le seul domaine sur lequel il pouvait agir. Tout le reste n’était que du bruit qui le détournait de sa véritable mission.

D’un pas ferme et avec un lourd fardeau sur les épaules, il s’est mis en route pour le rapport. Là, il ferait face à ses hommes qui attendaient d’être guidés et d’avoir de l’espoir, même si les deux étaient de plus en plus difficiles à faire passer. Güldenstern savait qu’il leur devait la vérité, aussi sombre soit-elle.

Un devoir envers qui ?

Le rapport de la compagnie d’infanterie commença à 8 heures précises dans le poste de commandement de fortune, au fond du sous-sol d’une ancienne fonderie. Le propriétaire, lui-même ancien sergent, avait mis cet endroit à disposition et apportait son soutien autant qu’il le pouvait. Dans les salles froides et remplies d’échos, le premier-lieutenant Güldenstern s’est adressé à ses officiers. « Prenez place, messieurs », dit-il d’une voix censée projeter la force, mais marquée par le poids des responsabilités.

Il fit le point sur la situation alors que les regards mornes de ses chefs de section étaient assis en face de lui. « La mission reste la même. Nous devons bloquer l’axe et empêcher une percée ennemie ici », expliqua Güldenstern, mais le scepticisme dans les yeux de ses hommes était évident.

Le lieutenant Rohner, visiblement tendu, rompit le silence. « Güldenstern, allons-nous recevoir des munitions ? Allons-nous recevoir des renforts ? Comment allons-nous défendre ici, comment allons-nous bloquer ici ? Je n’ai plus d’hommes. Ma section est encore composée de neuf soldats ».

Güldenstern réfléchit un instant, un lourd soupir lui échappa. « Oui, nous allons diviser un peu les soldats. Nous devons équilibrer les trains ». Mais lorsqu’il commença à exposer ses plans pour redistribuer les soldats restants, tous réalisèrent l’absurdité de la situation. Steffen, l’un des officiers les plus expérimentés, a secoué la tête avec résignation. « C’est absurde, Güldenstern. Nous pouvons faire tous les allers-retours que nous voulons. Nous pourrions même armer l’équipe de cuisine, mais à quoi bon ? »

Le lieutenant Zysset ajouta, mi-plaisant, mi-désespéré : « Nous trouverons peut-être quelques personnes dans le village pour nous aider à nous défendre. Peut-être que quelqu’un a encore un fusil d’assaut chez lui ».

Güldenstern passa son pouce et son index sur ses yeux fermés et garda le silence un moment. « Nous avons un ordre, une mission », dit-il finalement, les mots ayant un goût amer dans sa bouche.

Steffen y répondit, la voix pleine d’inquiétude : « Mais à quoi bon si nous ne pouvons pas remplir la mission ? Si nous savons que nous ne pouvons pas remplir la mission ? Tout ce que nous faisons, c’est gaspiller des vies. Pour quoi faire ? »

C’est à ce moment que le plus jeune des officiers, le lieutenant Bregi, a pris la parole. Sa voix était ferme, imprégnée d’une détermination presque naïve. « Messieurs, nous avons un devoir. C’est notre devoir de nous battre. Quoi que cela veuille dire. Jusqu’à la dernière goutte de sang. Nous le devons à notre patrie ».

Le silence qui suivit fut écrasant. Tous les regards se tournèrent vers Güldenstern, qui cherchait les mots justes. Finalement, il posa une question dans la salle, une question qui semblait plus s’adresser à lui-même ou à une puissance supérieure qu’à ses hommes. « Jusqu’à quand la défense est-elle éthiquement acceptable ? Jusqu’à quand le combat est-il encore éthiquement justifiable ? Jusqu’à quand est-il éthique de faire des sacrifices ? À qui sommes-nous redevables ? A nos supérieurs ? À nos semblables ? À notre conscience ? »

Puis il se leva, sa silhouette quelque peu courbée sous le poids de ce fardeau invisible. « Messieurs, je dois me retirer. Réunissons-nous à nouveau dans une heure. J’ai besoin de temps pour moi ». Sur ces mots, il a quitté la pièce, laissant ses officiers dans une atmosphère d’incertitude et de doute.

Questions

  • Jusqu’à quand la défense est-elle éthiquement acceptable ?
  • Jusqu’à quand le combat est-il encore éthiquement justifiable ?
  • Jusqu’à quand est-il éthique de faire des sacrifices ?
  • À qui sommes-nous redevables ? A nos supérieurs ? À nos semblables ? À notre conscience ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #9

Nous avons reçu quatre participations au jeu de décision de septembre. Les solutions présentées montrent une réflexion approfondie sur la question morale et politique et illustrent la complexité de la problématique en question.

Le premier-lieutenant Güldenstern est confronté à un dilemme moral classique : il doit décider s’il exécute un ordre militaire qui met en jeu la vie de ses soldats ou s’il refuse d’exécuter l’ordre, ce qui lui cause des difficultés considérables sur le plan personnel (cour martiale, honte) et collectif (échec militaire). Il s’agit de mettre en balance l’obéissance et la responsabilité morale, notamment au regard des principes éthiques qui concernent la protection de la vie et le devoir d’accomplir une mission militaire.

Principes et théories éthiques

L’analyse éthique peut s’appuyer sur différents fondements théoriques, dont deux approches principales :

  • La théorie traditionnelle de la guerre juste et le droit international qui en découle offrent un cadre normatif clair pour la guerre, dans lequel des principes tels que la proportionnalité, le dernier recours et l’autorité légitime jouent un rôle central. Selon cette approche, Güldenstern a le devoir d’obéir aux ordres de ses supérieurs tant que ces principes ne sont pas manifestement violés.
  • Les approches révisionnistes comme celle de Jeff McMahan remettent en question ces hypothèses traditionnelles et soulignent que les soldats individuels ont le devoir moral de remettre en question les missions et les ordres et d’évaluer s’ils sont justifiés. L’accent est mis ici sur la responsabilité morale individuelle, même dans des structures hiérarchiques, ce qui signifie que Güldenstern, malgré son grade et ses obligations, pourrait éventuellement arriver à la conclusion que le refus s’impose sur le plan éthique.

Légitimité morale et politique

Une tension éthique centrale existe entre la légitimité morale et la légitimité politique. La légitimité politique renvoie à la reconnaissance d’ordres et de structures découlant d’un mandat politique établi à l’issue de processus démocratiques légitimes. La légitimité morale est centrée sur la protection de valeurs éthiques fondamentales telles que la dignité humaine. Pour Güldenstern, la question est de savoir si son ordre de défendre l’Axe à tout prix est moralement légitime, même s’il est couvert politiquement et institutionnellement. Güldenstern a-t-il le droit moral ou même le devoir de faire passer sa propre autonomie avant les missions et les ordres de l’institution afin de protéger la vie de ses soldats ?

Hiérarchie et discipline militaires

La hiérarchie militaire représente une restriction structurelle de l’autonomie individuelle. Güldenstern fait partie d’un système qui exige discipline et fidélité aux ordres. Il est possible qu’il doive accomplir des actes immoraux parce que le système les exige de lui. Mais une décision consciente de désobéir à un ordre l’expose à des conséquences personnelles considérables, comme le risque d’une cour martiale.

D’un point de vue hypothétique : Que se passe-t-il si Güldenstern désobéit à un ordre ?

  • Scénario 1 : La compagnie se retire, ce qui pourrait sauver de nombreuses vies (de soldats), mais cela pourrait conduire à un échec militaire et Güldenstern pourrait être condamné pour avoir désobéi aux ordres.
  • Scénario 2 : Güldenstern suit l’ordre, ce qui entraîne de lourdes pertes parmi les soldats. De plus, la mission militaire ne sera probablement pas remplie. La question reste de savoir si une telle mission suicide serait moralement défendable.

Le courage moral

Une autre dimension est le courage. Güldenstern pourrait prendre la décision de refuser l’ordre par courage moral, même s’il sait que cela pourrait avoir de graves conséquences pour lui. La question est de savoir s’il est justifiable de prendre des risques personnels pour faire ce qui est juste, si cela peut protéger la vie d’autres personnes. On peut se dire qu’il ne s’agit pas d’un dilemme éthique, mais simplement d’une question de personnalité et d’exemple.

Perspective des soldats

Les soldats de Güldenstern, comme le lieutenant Bregi, sont confrontés à des questions éthiques similaires. Doivent-ils le suivre, même s’ils remettent en question le bien-fondé de l’ordre de Güldenstern ? La théorie révisionniste de la guerre juste souligne que même les grades inférieurs ont la responsabilité morale de vérifier les ordres. Cela soulève la question de savoir dans quelle mesure il est réaliste que les soldats puissent effectivement mettre en œuvre ces considérations éthiques dans des situations de stress. En outre, on peut se demander si les soldats respecteront les ordres de supérieurs qui ne respectent pas eux-mêmes les missions et les ordres.

Stress, émotions et incertitude

Les défis pratiques liés à l’application des principes éthiques dans des situations militaires extrêmement stressantes ne doivent pas être sous-estimés. Les émotions, le stress et l’incertitude de la situation peuvent considérablement entraver la capacité à mener une réflexion éthique rationnelle. Dans un contexte militaire où les décisions doivent être prises dans des situations extrêmes, la mise en œuvre de théories éthiques abstraites comme celle de la guerre juste peut être difficile, voire impossible, même si cela a été entraîné dans une certaine mesure.

Influence de l’opinion publique

Güldenstern et ses soldats pourraient être influencés par les médias civils et l’opinion publique. La pression d’être perçu comme un « héros » ou l’attente de défendre la patrie pourraient influencer considérablement la prise de décision. Ces influences externes rendent difficile la distinction entre les décisions éthiquement correctes et celles qui sont déformées par les attentes sociales. En outre, dans une démocratie, l’opinion publique a une influence sur ce qui peut être considéré comme politiquement légitime ou non, même en temps de guerre. Il ne faut pas oublier que Güldenstern et ses soldats sont des citoyens en uniforme.

Conséquences à long terme : Blessures morales et traumatismes

Quelle que soit la décision de Güldenstern, son choix pourrait entraîner des blessures morales (moral injuries) et des traumatismes à long terme, tant pour lui-même que pour ses soldats. S’il suit l’ordre et qu’un grand nombre de ses hommes meurent, il pourrait en résulter de profondes blessures. Mais la décision de désobéir aux ordres pourrait également avoir de graves conséquences sur la possibilité d’une réinsertion psychologique et sociale après la guerre, car les soldats sont souvent confrontés à des sentiments de culpabilité et à des conflits intérieurs lorsqu’ils ne répondent pas aux attentes ou ont l’impression d’avoir été abandonnés par l’échelon supérieur.

Considération finale ouverte

L’analyse éthique de ce dilemme ne débouche pas sur une recommandation d’action simple ou claire. La décision de Güldenstern est finalement mise en balance entre le respect de la discipline militaire, la préservation de son intégrité morale et la protection de la vie de ses soldats. Les théories morales fournissent une orientation, mais leur application dans des contextes militaires réels et stressants comme celui-ci reste un défi. Concrètement, les décideurs militaires doivent faire face au fait qu’il existe des situations dans lesquelles ils n’ont que de mauvaises options. Et devoir choisir entre de mauvaises options dans des situations extrêmes conduit aux limites de l’être humain.

La recommandation d’action du premier-lieutenant Wehrle se distingue à cet égard des autres analyses, car il ne se contente pas d’éclairer les dilemmes éthiques de manière différenciée, mais donne également des instructions d’action concrètes qui sont réfléchies tant sur le plan éthique que pratique. Alors que d’autres analyses proposent certes des réflexions éthiques fondées, Wehrle reste le seul à présenter une solution claire. Il propose que Güldenstern analyse à nouveau la situation, prenne contact avec le commandant du bataillon et, si nécessaire, prépare la retraite. Cette consigne d’action tient compte à la fois des obligations éthiques supérieures envers les supérieurs, les subordonnés et les civils, ce qui rend sa solution particulièrement convaincante. En comparaison, les autres recommandations se limitent trop à l’analyse de la problématique, sans offrir d’issue concrète.

Sur le plan du contenu, l’approche de Wehrle brille par son évaluation réaliste de la situation et par le lien clair qu’elle établit entre les principes éthiques et la faisabilité pratique. Il convient de souligner qu’il intègre les différentes responsabilités de Güldenstern – vis-à-vis de ses supérieurs, de la compagnie et de la population civile – de manière équivalente et responsable dans le processus de décision. Ses propositions concernant la communication avec les supérieurs et la préparation d’un retrait ordonné montrent une grande sensibilité vis-à-vis des conséquences possibles de la décision. De ce fait, la solution de Wehrle n’est pas seulement éthiquement fondée, mais aussi réaliste et réalisable dans la pratique, ce qui la distingue des autres analyses. C’est avec plaisir que nous lui remettons un exemplaire de « Xenophon’s Cyrus the Great – The Arts of Leadership and War » de Xenophon, avec l’éditeur Larry Hedrick, et que nous remercions tous les participants pour leurs contributions stimulantes.

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Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #8

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, enseignant de conduite et de communication à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #8

Scénario

Vers 1100 : à peine arrivée à 30′ dans le secteur d’attente de BERN-BETHLEHEM, votre compagnie (cp gren pz 14/3) reçoit du commandement du bat méc 14 l’annonce que l’ennemi a percé la ligne de front dans le JURA à plusieurs endroits et qu’il a déjà atteint avec ses pointes de reconnaissance le PIED SUD DU JURA à NEUCHATEL il y a 2h.

Ainsi, la pire des possibilités de développement de l’adversaire s’est produite. Manifestement, l’adversaire a l’intention, par une poussée rapide à travers le SEELAND, de pousser d’une part par le FOSSÉ DE LA SARINE avec 2 à 3 bataillons de combat côte à côte en direction de BERN et, d’autre part, de franchir l’AARE en force égale à AARBERG et de pousser par la LYSSBACHTAL en direction de MOOSEEDORF afin d’englober le centre politique de BERN par le nord et le sud.

Le bataillon mécanisé 14 a récemment atteint le secteur d’attente de BERN en tant que formation de première ligne, tandis que le reste des forces de la brigade a terminé l’instruction opérationnelle dans le secteur de BERNER OBERLAND et est en train de préparer la marche. En raison de l’évolution récente de la situation, le bataillon mécanisé 14 a reçu pour mission de retarder l’avance ennemie en direction de BERN pendant 5-7h et d’empêcher la sortie des forces ennemies par THÖHRISHAUS en direction de BELPMOOS, afin de créer ainsi des conditions favorables pour les forces suivantes de la brigade et d’empêcher en même temps le regroupement des forces ennemies SE de BERN et donc l’encerclement de la capitale.

Vers 1110 : Selon les dernières informations, l’ennemi se trouve dans la région de MORAT – SEELAND avec des pointes de 2 compagnies d’infanterie mécanisée. On s’attend à ce que l’adversaire rejoigne la SARINE dans l’heure qui suit, avec 1 à 2 compagnies en tête, en passant par CORMONDES. Après une préparation au feu, il franchira la SARINE d’une part à LAUPEN et d’autre part au nord via VIADUC DE LA SARINE (A1) et à CORMONDES, puis continuera vers BERN-BRÜNNEN et l’A12 dans les 2 heures qui suivent.

Vous êtes le chef de section AMBOS de la compagnie grenadiers chars 14/3 CHARLIE. Votre section a été mise en marche en tant que formation de pointe il y a 5′ (le déclenchement a eu lieu vers 1125).

Pour l’instant, vous marchez en tant que section de pointe de BERN BETHLEHEM en direction du sud-ouest sur l’A12 à NIEDERWANGEN et d’empêcher l’adversaire de franchir la SARINE à LAUPEN en tant que partie de la compagnie CHARLIE pendant au moins 4 heures (selon le commandant de la compagnie, des ordres plus détaillés seront donnés sur place).

Vers 1130 : L’adversaire a franchi la SARINE à GUMINE avec des forces de reconnaissance en nombre de sections. L’échelon supérieur reconnaît un déplacement du centre de gravité de la poussée adverse le long de l’axe MÜHLEBERG – FRAUENKAPPELEN.

L’adversaire a également rassemblé de l’infanterie mécanisée dans la zone à l’ouest de la FOSSÉ DE LA SARINE près de GUMINE. On peut s’attendre à ce qu’il donne l’assaut dans l’heure qui suit avec au moins 1 compagnie d’infanterie mécanisée en direction de BERN via MÜHLEBERG.

Pour la compagnie CHARLIE, il s’agit de retarder l’adversaire entre MÜHLEBERG et FRAUENKAPPELEN pendant 4-5h afin que notre bataillon puisse s’installer en défense dans la région de BERN BETHLEHEM ainsi que le long de l’A12.

Adversaire

2 compagnies d’infanterie mécanisée ; les moyens exacts de l’adversaire sont encore inconnus.

Forces propres

En tant que chef de section AMBOS dans la compagnie CHARLIE, vous disposez des moyens suivants :

2 patrouilles de grenadiers de chars, soit 4 groupes de grenadiers de chars avec chacun :

  • 1 chars de grenadiers CV 90
  • 2 RGW
  • 2 mini mi ainsi que
  • 3x charges cratère 88

En outre, vous disposez en tant que chef de section de l’équipe des drones de 3 mini-drones ayant chacun une autonomie de 15′.

Mission

Vous recevez par radio l’ordre suivant – vous êtes encore en approche :

Section AMBOS

  • barre dans le secteur entre ALLENLÜFTEN et HEGGIDORN dans l’heure qui suit et empêche une poussée adversaire le long de la route nationale au sud de STOCKERE pendant au moins 1h-2h sans vous imbriquer avec l’adversaire.
  • se tient prêt à se déplacer ensuite dans le secteur de NIEDERBOTTIGEN et à se tenir prêt à intervenir dans le secteur de BERN-BRÜNNEN.

Dispositions particulières :

La compagnie CHARLIE reçoit pour les 2 heures à venir la priorité de feu de l’appui de feu immédiat par la compagnie de mortiers 12cm 14/5. Comme aucun concept de conduite de feu n’a été établi pour cette évolution de la situation, les zones de feu doivent être délimitées au niveau de la section et conduites au moyen du processus ARTUS (indiquez but – intention – temps).

Environment

L’extrait de carte ALLENLÜFTEN – HEGGIDORN est suffisant pour votre sortie d’ordre. Pour une compréhension globale, il vaut toutefois la peine de jeter un coup d’œil à la carte nationale 1:50’000 (https://map.geo.admin.ch/#/map?lang=fr&center=2587119.13,1200345.31&z=6.2).

Questions

  • Prenez une décision pour le barrage ALLENLÜFTEN.
  • Tenez-vous prêt à ordonner à votre section de grenadiers de chars pendant la marche.
  • Veillez à ne pas vous imbriquer avec l’adversaire afin de pouvoir débarquer à l’Est.
  • Prévoyez efficacement le tir à l’arc dont vous disposez.

Vous pouvez déposer votre réponse sous forme de croquis – basé sur l’extrait de carte – ou dans le texte du message radio envoyé à vos chefs de groupes subordonnés.

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #8

Nous avons reçu quatre réponses au jeu de décision d’août- le meilleur retour sur un problème tactique à ce jour, avec un résultat réjouissant : il s’agit de quatre solutions avec des missions compréhensibles et compactes – en plus, chacune visualisée avec des extraits de carte.

Ce qui est impressionnant cette fois-ci, c’est que les quatre solutions se ressemblent énormément. Toutes les solutions prévoient l’utilisation de postes alarme-chars dans l’avant-terrain, que ce soit par une patrouille ou par un drone ; ici, le métier a été compris et c’est ce qui fera la différence entre la victoire et la défaite.

Les quatre solutions prévoient un échelonnement de plusieurs barrages, le premier au plus tôt à la hauteur de ALLENLÜFTEN, au plus tard à la hauteur de l’entrée de la route principale dans la forêt, le dernier au plus tôt au point 673 et au plus tard à la périphérie de HEGGIDORN. L’espace entre les deux est utilisé par trois soumissions pour un troisième barrage, la quatrième utilise l’espace OBERE LEDI comme secteur de mouvement pour une contre-attaque.

Les tirs de mortier sont gérés de manière différente, une soumission indique trois espaces de tir, un autre quatre, une autre définit 11 tirs de plan, dont le « Niederhalten » comme objectif de ligne – manifestement, la formation aux nouvelles procédures de tir a déjà eu lieu ici. Les autres différences sont marginales, les messages radio sont tous compacts, des mesures d’urgence sont ordonnées – avec ces quatre auteurs, les quatre compagnies de combat d’un bataillon pourraient être conduites.

Lösungsskizze Decision Game #8

Il n’y a que sur le terrain que l’on peut juger de la pertinence des approches, mais il s’agit d’une décision cartographique – et donc d’un jugement cartographique. Parmi les quatre propositions, je préfère la variante qui a planifié tous les barrages plus à l’est que les autres. J’y vois plusieurs avantages : le danger d’un enchevêtrement ou même d’un encerclement dans ALLENLÜFTEN est réduit et le potentiel du « sac de feu » avec l’espace de bouchon (Stauraum) naturel dans la forêt devrait se développer beaucoup plus si l’adversaire est d’abord autorisé à entrer dans l’espace. Le prix pour cette solution va donc à nouveau au cap Raphael Iselin, qui s’était déjà distingué en juin avec sa recommandation d’action. Il recevra l’exemplaire de « Stratégie – La logique de la guerre et de la paix » d’Edward Luttwak. Le principe du sac à feu peut d’ailleurs être pensé encore plus loin, comme le montre la solution dans l’image ci-dessus. Celle-ci provient toutefois de l’auteur et ne sera donc pas primée.

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Leader's Digest Leader's Digest #7 Newsletter

Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #7

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, professeur de conduite et de communication à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #7

Scénario

Une grande conférence est organisée en Suisse. Le chef des opérations militaires est malade et, en tant que son adjoint, vous assumez maintenant la responsabilité de la conduite. Bien que vous soyez impliqué dans la préparation, vous n’êtes pas satisfait de l’organisation hiérarchique avec 27 subordonnés directs et vous réfléchissez à une nouvelle approche, notamment sur la base des informations de « Power to the Edge ».

Questions

  • Quelle structure envisagez-vous ?
  • Quelles sont les considérations fondamentales qui guident votre décision ?
  • Comment assurez-vous la conduite et le commandement ?
  • Comment devez-vous communiquer et faire en sorte que les décisions prises à la marge soient encouragées ?
  • Y a-t-il des changements à court terme dans l’état d’esprit que vous devez provoquer ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #7

Nous avons reçu une participation au jeu de décision de juillet. Vous voyez donc que les chances de gagner peuvent atteindre 100 %.

La soumission est structurée en fonction des questions posées, c’est pourquoi je (Patrick Hofstetter) en discute de la même manière.

Quelle structure envisagez-vous ?

L’auteur de la soumission fait remarquer que dans la vie réelle, il est probablement trop tard. En fait, la question de savoir si une transformation est payante ne dépend pas seulement de l’ampleur des avantages finaux, mais aussi de la durée pendant laquelle il est possible d’en profiter et de l’ampleur de l’effort de transformation. Il est peu recommandé de changer de cheval dans une course en cours – à moins que le cheval ne soit boiteux, qu’une alternative puisse être facilement remplacée et que la course dure encore longtemps.

En dehors de cela, l’auteur a souligné qu’il préférerait travailler avec une hiérarchie plate, mais seulement à condition que des commandants fortement expérimentés, des chefs civils, soient solidement ancrés dans les échelons inférieurs (tactiques) avec leurs unités et leurs compétences. Cette affirmation n’est pas non plus contestable. En fait, cela indique une faiblesse dans la définition des tâches : si une structure (« gestion ») est nécessaire, et laquelle, cela dépend en grande partie de la mission (« commandement ») à remplir et des personnes (« leadership ») avec lesquelles je peux le faire. L’expéditeur développe ce point dans sa réponse à la question suivante :

Quelles sont les considérations fondamentales qui guident votre décision ?

Son jugement est que plus la tâche est complexe, plus la hiérarchie doit être plate, car « ce n’est que lorsque des chefs très expérimentés […] peuvent et sont autorisés à résoudre les problèmes aussi bas que possible et donc rapidement, que cela génère aux niveaux de commandement supérieur et suprême la tranquillité nécessaire pour s’occuper de leurs affaires ». Formulé de cette manière, il s’agit d’une confession en faveur des principes de la Auftragstakik, à laquelle la rédaction ne peut que souscrire. Cela ressort également de la réponse suivante :

Comment assurez-vous le commandement et le contrôle ?

Ici, l’auteur se réfère à nouveau à l’expérience des subordonnés directs comme base et présente une thèse opposée passionnante à la croyance souvent entendue : « L’information est une dette à apporter (Bringschuld)». Il comprend cela dans le sens d’une attitude de service de la part des supérieurs, ce à quoi je souscris entièrement, à une nuance près : je m’abstiendrais de faire référence à cet égard aux « styles de leadership positif » utilisés de manière inflationniste, oscillants à la mode, trompeurs sur le plan du contenu et empiriquement réfutés, comme le Servant (ou Authentic, Charismatic, …) Leadership. Il est toutefois important que le chef et le personnel disposent de suffisamment de temps pour soutenir les subordonnés directs et les forces d’engagement, et que la hiérarchie soit plate.

Comment devez-vous communiquer et comment parvenez-vous à encourager les décisions à la marge ?

Cette réponse à elle seule aurait mérité le prix : « L’expérience n’est rien d’autre que de longues années de fonction au même poste. Contrairement aux organisations à feu bleu, nous changeons beaucoup trop rapidement de domaine de responsabilité dans l’armée. Un cdt devrait rester au moins 8 ans dans sa fonction. La réaction en chaîne se reflète dans les états-majors ». En fait, on m’a déjà demandé pourquoi je n’étais devenu commandant de bataillon « seulement » à 40 ans. D’une manière générale, il me semble qu’en de nombreux endroits, nous confondons les carrières avec des concours. Pour chaque année supplémentaire passée à l’échelon (n-1), je serai automatiquement meilleur à l’échelon n. Cela ne vaut pas seulement pour les cadres de milice, mais tout particulièrement pour les militaires de carrière. La gestion des engagements et des carrières continue de penser en termes de catégories, lorsque l’instructeur était un deuxième métier, exercé peut-être de 30 à 58 ans. Aujourd’hui, non seulement les militaires de carrière quittent ACAMIL et ESCA plus tôt, mais ils travailleront (au moins) jusqu’à 65 ans. Cet allongement de la carrière d’environ 50% pourrait être l’occasion d’étendre les affectations d’au moins 50% – alors qu’il suffirait d’épuiser dans le temps les affectations prévues. L’auteur présente des avantages auxquels je souscris pleinement : Les compétences sont développées de manière plus solide, l’effort diminue avec l’expérience, la confiance augmente, les liens avec les subordonnés se renforcent, la qualité du travail s’améliore et, surtout, le système devient plus calme.

Y a-t-il des changements à court terme dans l’état d’esprit que vous devez provoquer ?

Là encore, je suis d’accord avec l’auteur : « Ce n’est pas possible à court terme. Passer d’une carrière classique à une ascension réfléchie par la probation demande beaucoup de temps et un énorme travail de persuasion ».

C’est aussi cela la conduite, si on veut la gestion du personnel, tant au niveau organisationnel (gestion des ressources humaines) qu’au niveau interpersonnel (leadership). Les deux sont des conditions préalables pour que nous puissions combler nos lacunes en matière de commandement.

Conclusion

Pour sa perspicacité, le Maj Philipp Scherrer a bien mérité son livre : j’ai le plaisir de lui faire parvenir un exemplaire de « Power to the Edge : Militärische Führung im Informationszeitalter » de David S. Albert et Richard E.Hayes. Tous les lecteurs sont cordialement invités à profiter des probabilités de gain exorbitantes pour le jeu de décision en cours et les suivants. Amusez-vous bien !

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Leader's Digest Leader's Digest #6 Newsletter

Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #6

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, professeur de conduite et de communication à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #6

Scénario

La Suisse est en guerre. Des formations mécanisées adversaires ont franchi la frontière du pays et un commandant en chef de l’armée a été élu par l’Assemblée fédérale. Une première attaque a été stoppée il y a quelques semaines, mais l’adversaire a réussi à établir une tête de pont à ST. GALLEN, limitée à l’ouest par la SITTER. Le service de renseignement militaire estime qu’une sortie aura lieu dans les prochains jours le long de la route principale 7, parallèle à l’A1 détruite.

Grâce à une montée en puissance rapide et en partie improvisée, les effectifs de l’armée ont plus que doublé au cours des derniers mois. Pour ce faire, des volontaires, en premier lieu d’anciens militaires, ont été regroupés en bataillons légers, dont deux renforcent chaque fois les bataillons d’infanterie existants pour former des régiments. C’est le cas du régiment d’infanterie de montagne 29, nouvellement créé, dont les trois bataillons doivent empêcher la sortie décrite ci-dessus.

Dans ce cadre, le bataillon d’infanterie de montagne 29 a reçu la mission d’empêcher la poussée ennemie à travers GOSSAU. Le bataillon d’infanterie légère 72 retarde le passage par la SITTER dans la région d’ABTWIL – WINKELN, le bataillon d’infanterie légère 86 empêche le contournement par HERISAU.

Adversaire

L’adversaire du premier escadron devrait être un régiment d’infanterie mécanisé composé de trois bataillons d’infanterie (41 BMP-2 chacun) et d’un bataillon de chars (31 T-80U).

Forces propres

Vous êtes commandant de la compagnie d’infanterie de montagne 29/1. En plus de vos trois sections de combat de quatre groupes chacune, équipées du matériel habituel (1 mitrailleuse de 12,7 mm par section, plus 2 mitrailleuses de 5,6 mm par groupe, 2 lance-grenades, 2 lunettes de visée) et de suffisamment de munitions, trois « sections légères » vous ont été subordonnées il y a quelques semaines. Chacune d’entre elles est composée d’une trentaine de volontaires, pour la plupart d’anciens militaires, d’une moyenne d’âge de 40 ans, des citoyens aguerris dont la condition physique et l’expérience militaire sont variables – du civiliste à l’ancien commandant d’une compagnie de fusiliers. Ils sont majoritairement armés de fusils d’assaut 90, mais souvent aussi de fusils d’assaut 57 et, dans certains cas, de mitraillettes et de pistolets-mitrailleurs privés. En outre, un groupe d’éclaireurs vous est attribué, qui dispose en 1ère priorité de la compétence de tir d’une section de mortiers de 8.1cm. Du feu de mortiers 12cm peut être demandé, mais n’est disponible qu’au niveau régimentaire. L’atelier de drones du bataillon produit une dizaine de drones par jour, qui sont répartis entre les compagnies.

En termes de véhicules, 4 véhicules protégés de transport de troupes GMTF, 4 chars de grenadiers à roues 8×8 Piranha II, 4 camions DURO et 1 char de grenadiers à roues de commandement 6×6 (sans FIS HE) sont disponibles. La mobilité supplémentaire est assurée par des véhicules civils (minibus, pickups, mais aussi pelleteuses) dont le commandant de bataillon a déjà ordonné la réquisition en tant que commandant local.

Mission

Mission de la compagnie d’infanterie de montagne 29/1 : Empêcher la poussée adversaire par GOSSAU au nord du DORFBACH.

Missions des compagnies voisines :

Compagnie d’infanterie de montagne 29/2 : Empêche la poussée adversaire à travers GOSSAU au sud du DORFBACH, se tient prête à protéger le flanc en direction de HERISAU.

d’infanterie de montagne 29/2 : Empêche la poussée adversaire à travers GOSSAU au sud du DORFBACH, se tient prête à protéger le flanc en direction de HERISAU.Compagnie antichar d’infanterie de montagne 29/3 : utilise et canalise l’adversaire dans le secteur METTENDORF – MOOSWIES.

Questions

  • Comment préparez-vous la localité si vous avez 72h ?
  • Comment positionnez-vous vos 5 sections ?
  • Quelles sont vos demandes concernant la canalisation sur le terrain avancé (compagnie 3) dans le cadre du dialogue tactique avec le commandant de bataillon ?

En guise de solution, un croquis avec des mots-clés suffit. A ce sujet, nous nous rappelons du général de brigade Gideon Avidor (IDF) : « During the Yom Kippur War, I served as a G3 officer at 252 nd Divison Headquarters. In the course of twenty-three days of fighting, not a single written command was issued. All the battles, including crossing the Suez Canal, were conducted by means of graphic orders or orders issued over the radio ».

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #6

Nous avons reçu deux réponses au jeu de décision de juin. Les deux solutions montrent qu’une appréciation méticuleuse de la situation ainsi qu’une analyse pragmatique au format sets de table permettent de prendre des décisions tactiques utiles.

Le présent scénario montre à nouveau que les questions tactiques impliquent une barrière d’entrée plus élevée que les questions éthiques. Cela peut être dû à la diversité des possibilités ou au fait que notre sûreté d’action tactique est mal en point. Néanmoins, nous avons reçu deux contributions qui montrent qu’une analyse approfondie et une réflexion tactique permettent de développer des recommandations d’action claires et que le format d’un set de table est suffisant pour cela. Nous allons maintenant examiner les deux approches et mettre en évidence leurs points forts et leurs points faibles.

TDG Mitterer Walser

Les deux propositions ont en commun de vouloir canaliser l’adversaire sur la route principale 7 et de l’y anéantir – avec des demandes correspondantes à la cp ac inf mont 29/3 dans l’avant-terrain. Les deux envois proposent à cet effet deux configurations comparables mais différentes des trois sections d’infanterie régulière, que j’appelle ici « L’UN DERRIÈRE L’AUTRE » et « CÔTE À CÔTE ».

Dans la première variante, deux sections doivent être placées l’une derrière l’autre le long de l’axe principal, avec une troisième section sur le flanc nord prête à contre-attaquer devant les barrages ou les points d’appui concernés. Le point fort de cette variante est la liberté de manœuvre avec une section bien positionné pour les actions offensives, le point faible est la sécurité, car il est plus difficile de réagir à un flanquement latéral au nord ou au sud de l’axe principal, ainsi que le problème que, lors d’un déploiement l’un derrière l’autre, l’unité de front aura probablement tendance, pour des raisons psychologiques, à mener un combat moins opiniâtre – après tout, on sait que ses camarades de dos grantissent la sécurité. Néanmoins, cette solution peut être considérée comme une approche innovante.

La variante alternative est l’application du procédé d’engagement de l’infanterie « combat dans une position de barrage en terrain bâti ». Il s’agit ici de placer des points d’appui sur deux carrefours voisins par deux sections côte à côte, avec une troisième section en arrière qui se tient prête à déplacer l’effort principal vers le sud ou le nord, au choix, et à mener des actions offensives. En soi, cette approche, basée sur l’analyse du terrain, me semble plus pertinente, car l’adversaire peut utiliser plusieurs routes parallèles à la route principale, qui ne pourraient pas être tenues uniquement par des obstacles passifs.

En plus des 3 sections régulières, 2 sections légères composées de volontaires étaient disponibles. Les deux soumissions forment ainsi des sections en fonction des capacités des volontaires. Dans l’une des solutions, les plus en forme sont affectés aux sections existantes en renfort, dans l’autre à la protection du flanc HOFEGG ainsi qu’à la reconnaissance et à l’usure dans l’avant-terrain. Les moins en forme sont affectés à des fins logistiques et d’auto-protection.

Il est également intéressant de noter qu’un participant a indiqué que la colline de SONNENBERG offrait à l’adversaire des bases de tir pour les chars en dehors de son propre secteur, ce qui entraînerait une demande d’extension de secteur. Cela nécessiterait même d’élargir la limite de secteur du régiment, ce qui est toutefois effectivement approprié au regard du terrain lié par la tactique.

En outre, il y aurait beaucoup de bonnes choses à noter dans les deux variantes et peu de lacunes. Il est par exemple frappant de constater que toutes deux renoncent à détruire les ponts sur le DORFBACH ou du moins à les bloquer avec des obstacles. Le commandant de bataillon est sans doute coupable, puisqu’il a placé la limite du secteur de la compagnie le long du DORFBACH, de sorte que personne ne se sent responsable des passages. Cela devrait impérativement être corrigé dans la conduite des mouvements et des obstacles à l’échelon bataillonnaire.

L’évaluation globale dépend maintenant des critères. Afin de récompenser l’engagement des rares personnes actives sur le plan tactique, nous décidons cette fois – et comme incitation : qui sait, peut-être à l’avenir – de primer deux choses. Le cap Raphael Iselin gagne pour la décision tactiquement la plus forte et la plus rigoureusement justifiée. Le cap Lukas Walser et le plt Anna Mitterer ont convaincu avec leur envoi commun en concentrant leur résolution concise et graphique sur le format « set de table ». L’objectif est de souligner qu’au combat, la simplicité de la décision et de l’ordre est aussi importante que la qualité tactique. Nous les félicitons tous les trois pour avoir remporté le Tactical Decision Game #6 et leur souhaitons une bonne lecture de « Hammerstein oder der Eigensinn » de Hans Magnus Enzensberger. Nous remercions également tous les participants qui en ont discuté avec leurs camarades à une autre occasion.

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Leader's Digest Leader's Digest #5 Newsletter

Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #5

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté la dernière fois; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, professeur de conduite et de communication à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #5

Scénario

Pendant une situation tendue entre deux États en matière de politique étrangère, des terroristes indépendants lancent une vaste cyber opération sous fausse bannière : motivés par des raisons politiques, ils manipulent les données électorales, inondent les médias sociaux de bots et mènent des attaques de spoofing GPS.

Les terroristes agissent ainsi pour perturber les capteurs et les systèmes d’alerte précoce des deux États. Des messages d’alerte sont ainsi déclenchés dans les deux États, mais ils ne sont pas correctement attribués et sont faussement attribués à l’autre État. Il n’existe aucune preuve fiable qui puisse réfuter les accusations interétatiques et provoquer une désescalade. Les deux États rejettent toute responsabilité et considèrent que l’autre partie est responsable.

Les événements sont considérés de part et d’autre comme le prélude à des mesures militaires préemptives, raison pour laquelle les deux parties lancent des cyberattaques sur les réseaux conventionnels C3 (Command, Control & Communications). Les processus de planification stratégique militaire utilisent des systèmes experts basés sur l’IA pour les soutenir. Ces systèmes experts proposent ensuite, sur la base des données disponibles et de comparaisons avec des conflits armés antérieurs dans d’autres pays, une série de procédures militaires conventionnelles pour attaquer les installations de défense, les centres de communication et de calcul dans l’autre pays en tant que premières frappes conventionnelles. Afin d’augmenter sa propre vitesse de réaction, une série de mesures de défense et de représailles conventionnelles contre les infrastructures critiques de l’adversaire sont confiées à un algorithme d’IA qui coordonne et met en œuvre ces mesures de manière autonome en cas d’attaque adverse.

Vous êtes commandant de compagnie. Avec vos troupes, vous êtes stationné à la frontière et avez pour mission d’observer une infrastructure critique à proximité de la frontière et de collecter des preuves d’événements suspects. Grâce à votre position légèrement surélevée, vous et vos troupes avez un aperçu de l’infrastructure critique sans devoir franchir la frontière.

Les indices d’une action de sabotage imminente menée par des acteurs inconnus s’accumulent. De plus, les rumeurs sur les canaux sociaux, largement répandues au sein de la troupe, s’accumulent, selon lesquelles le conflit aurait été initialement déclenché par des terroristes indépendants et que ceux-ci souhaiteraient maintenant poursuivre l’escalade. Parmi les officiers de tout le bataillon, l’hypothèse se répand que de tels terroristes indépendants veulent saboter l’infrastructure critique afin de provoquer l’escalade vers la guerre.

Au milieu de la nuit vous, commandant de compagnie, êtes informé par le lieutenant Hauser, chef de section BIVIO, désormais visiblement excité, qu’une action de sabotage est en préparation sur l’infrastructure critique observée dans l’État voisin. Le lieutenant Hauser l’informe qu’il est prêt avec sa section et lui propose d’intervenir maintenant avec sa section pour tenter d’empêcher la tentative de sabotage.

Depuis quelques heures, le contact avec l’échelon supérieur est rompu. Cela s’est produit régulièrement au cours des derniers mois et est très probablement dû à des opérations adverses, qui n’ont toutefois pas non plus pu être prouvées jusqu’à présent. Quoi qu’il en soit, vous ne semblez pas avoir la possibilité d’obtenir l’avis de votre commandant supérieur, ni même une évaluation juridique de la Grande Unité.

Question

  • Quelles sont les raisons pour et contre une intervention de votre part en tant que commandant de compagnie ?
  • Estimez-vous que votre intervention pourrait être considérée comme une entrée en guerre régulière ?
  • Selon vous, à quel moment le seuil de la guerre régulière a-t-il été ou sera-t-il franchi ?
  • Comment agissez-vous à la lumière de ces considérations ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #5

Pour le Ethical Decision Game du mois de mai, nous avons à nouveau reçu six participations réjouissantes, qui réagissent au dilemme par différentes approches.

Au cœur du dilemme éthique se trouve la question de savoir si l’on peut s’écarter d’une mission et des servitudes reçues afin d’éviter le pire. La situation est aggravée, d’une part, par les automatismes décrits en raison de l’utilisation de l’intelligence artificielle et, d’autre part, par un véritable enchevêtrement d’incertitudes : les terroristes attaquent-ils l’infrastructure critique du pays voisin pour faire dégénérer la guerre ? Est-ce le pays voisin lui-même qui veut créer un prétexte à l’escalade par une opération sous faux drapeau ? S’agit-il d’un piège pour nous inciter à intervenir, ce qui peut à son tour servir de prétexte à l’escalade – ou est-ce que nous empêchons justement l’escalade en intervenant ?

Le commandant de compagnie concerné doit prendre une décision sur la base d’informations incomplètes en raison de la rupture de la liaison avec l’échelon supérieur (est-ce un indice pour ou contre une opération false flag ?). L’éthique enseigne qu’il n’est pas seulement responsable de ses actions, mais aussi de ses omissions. Dans cette perspective, l’argument « je n’ai pas reçu de mission d’intervention » n’est pas suffisant. L’histoire du lieutenant-colonel soviétique Stanislaw Petrov, qui a peut-être évité une guerre nucléaire en 1983, montre que ces situations sont loin d’être fictives.

Les soumissions énumèrent consciencieusement les raisons pour et contre l’intervention : Une telle intervention pourrait contribuer à réduire les tensions, être interprétée comme de la bonne volonté, avoir un effet sur la confiance et même – selon le type d’infrastructure – éviter des dommages à la population civile, et finalement empêcher une guerre. D’autre part, le franchissement cinétique de la frontière, en tant qu’atteinte à l’intégrité territoriale de l’État voisin, est une provocation en soi, la propre troupe est mise en danger, les propres moyens ne sont peut-être pas suffisants, il existe une probabilité d’erreur et, comme nous l’avons déjà mentionné, l’intervention ne fait pas partie de la mission.

Les propositions sont donc très diverses : un lecteur ne veut pas se déterminer, un autre intervient, deux n’interviennent pas, un autre n’intervient pas mais veut informer un poste frontière dans le pays voisin. Que devons-nous en tirer en tant que cadres – attendre et espérer la bonne intuition ?

Plusieurs d’entre eux ont indiqué qu’il était possible d’anticiper des situations comparables grâce au wargaming et à la planification prévisionnelle et qu’il aurait fallu discuter de ces évolutions avec l’échelon supérieur. C’est certainement une leçon importante à retenir, mais le conditionnel ne suffit pas pour obtenir la première place.

C’est pourquoi la première place revient au lecteur qui intervient de manière créative en utilisant des grenades éclairantes – « de préférence infrarouges » – pour attirer l’attention sur le sabotage imminent. Pour cette proposition, avec la justification cohérente « Si ma compagnie est déployée pour la surveillance à une telle proximité de la frontière, près d’une infrastructure critique adverse, l’adversaire le saura déjà et observera ce que nous faisons ». La victoire revient au cap Thierry Widmer. Le prix, le livre « The AI Commander » de James Johnson, lui sera remis personnellement.

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Leader's Digest Leader's Digest #4 Newsletter

Jeu de décision et recommandations d’action de Leader’s Digest #4

Les jeux de décision de Leader’s Digest doivent inciter les abonnés de cette newsletter à de se mettre – dans le cadre de scénarios – dans le rôle de personnes qui se trouvent confrontées à des défis éthiques ou tactiques.

Nous commençons par répéter le scénario présenté par le maj Philipp Scherrer ; ensuite, nous présentons une appréciation des points les plus importants à discuter. Les recommandations d’action sont présentées par le lt col EMG Patrick Hofstetter, professeur de conduite et de communication à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich.

Jeu de décision de Leader’s Digest #4

Scénario

Adversaire

En Suisse, des combats ont eu lieu dans la zone de défense. Dans la zone arrière, des forces irrégulières perturbent et lient nos formations avec bien plus de 50 attaques par jour dans toute la Suisse.

Les forces irrégulières sont tributaires de la lumière du jour et optent délibérément pour la tactique du « hit and run » : nos forces sont bombardées à la plus grande distance possible et l’adversaire se retire avant qu’il ne soit possible de réagir au bombardement.

L’objectif principal de l’adversaire est non seulement d’infliger des pertes humaines et matérielles, mais aussi de saper le moral des troupes et de saper ainsi leur volonté de se défendre.

Les cibles privilégiées de tels attentats sont les véhicules non blindés et les militaires isolés debout.

En plus des attentats contre les propres troupes, les infrastructures civiles sont de plus en plus souvent la cible de tirs d’artillerie à longue portée de l’ennemi.

Forces propres

Vous êtes chef de groupe depuis quelques mois et avez pu former une équipe solide au fil du temps. Le contact est à la fois amical et professionnel. De véritables amitiés se sont développées indépendamment du grade, par exemple entre vous et Fabio, l’un de vos soldats.

Votre groupe dispose d’un véhicule blindé de transport de personnes (GMTF). En plus de l’équipage du véhicule de combat et de cinq tireurs au fusil d’assaut (F ass), vous disposez d’un tireur à lunette (lu) et d’un tireur à la mitrailleuse légère (minimi).

Mission

Vous êtes chargé d’assurer le déchargement de subsistance et de matériel sanitaire à la gare de WALENSTADT. Ce matériel doit servir à approvisionner la population en détresse des villages environnants.

Pour assurer la sécurité, vous avez fait prendre position au tireur lu avec le tireur minimi au grenier du restaurant Churfirsten. La liaison est établie. Le binôme a une bonne vue sur le terrain lié par la tactique grâce aux amplificateurs de lumière résiduelle. En particulier, l’entrée et la sortie vers l’est (le compartiment de terrain que vous jugez le plus dangereux) sont bien visibles. Vous êtes assis avec Fabio dans le GMTF. Tous les autres militaires sont bien protégés à portée de voix et sécurisent les entrées et sorties proches.

Environnement

Le déchargement des marchandises nécessaires de toute urgence aurait dû être terminé 1h avant le début du crépuscule (0545). Mais l’entrée du train a été retardée par des tirs d’artillerie.

Il est maintenant 0715 et il fait jour. Plusieurs passants vous ont supplié dès le début de ne pas laisser le déchargement s’interrompre, comme cela s’est produit de plus en plus souvent ces dernières semaines. Votre commandant vous a donné carte blanche pour décider vous-même, en fonction de la situation, de l’exécution de la mission.

Situation immédiate

Vous vous êtes déjà habitué à cet étrange mélange de tension et de routine, d’attention et de fatigue – c’est la fin d’un service de nuit. C’est probablement pour cela que vous ne parlez que de peu de choses et de futilités. Fabio pense qu’il doit absolument quitter le GMTF maintenant pour un bref besoin personnel. Vous n’en pensez rien, car le déchargement s’est déroulé tranquillement jusqu’à présent. Quelques mètres avant le buisson, un coup de feu éclate et Fabio tombe à terre en hurlant. La zone de son épaule se colore immédiatement en rouge. Il gît à environ 17 mètres devant vous. Fabio parvient à se déplacer encore un peu dans votre direction en rampant, mais il reste ensuite couché, sans force. Vos regards se croisent…

Le tir venait clairement de l’est. Votre tireur lu annonce par radio qu’aucun but n’est identifiable.

Question

  • Quelles possibilités voyez-vous pour faire face à cette situation ?
  • Comment aidez-vous Fabio le plus rapidement et le plus sûrement possible ?
  • Rétrospectivement (dans le sens d’une AAR) : Quels sont les paramètres qui vous semblent les plus importants et qui auraient dû influencer votre évaluation de la situation ?

Recommandation d’action du jeu de décision de Leader’s Digest #4

Nous avons reçu quatre réponses au jeu de décision d’avril, ce qui nous réjouit particulièrement après que le premier jeu tactique n’ait reçu qu’une seule réponse. L’effort principal portait sur le commandement :

Les situations de conduite peuvent être classées selon qu’elles sont simples, compliquées, complexes ou chaotiques. Dans le cas présent, il s’agit clairement du dernier. Le tireur est-il parti ? Sont-ils plusieurs ? Fabio est-il encore en vie ? Le temps manque pour une analyse approfondie ou même une planification d’action, c’est l’action elle-même qui est cruciale. Une première étape évidente consiste à retrouver la supériorité de feu, que ce soit au moyen des fusils à lunette ou d’une mitrailleuse de 12.7 mm. La protection pour la suite de l’action est décisive, par exemple en adaptant le dispositif (alignement sur la direction présumée du tir) dans le feu et l’observation – un appareil d’imagerie thermique peut également être utile en dehors de l’obscurité. L’utilisation de nébulogènes, tel qu’ils sont disponibles sur le GMTF, et le déplacement de celui-ci comme couverture sont des mesures supplémentaires.

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il faut penser à l’aide entre camarades, le blessé devant être dégagé ou simplement stabilisé en fonction de la situation. Parallèlement, le rapport à l’échelon supérieur est effectué – dans une formation qui fonctionne, cela devrait se faire sans l’intervention du chef. Certains ont affirmé que la mission primaire – le déchargement – devrait continuer à être remplie, puisque l’adversaire agit typiquement par hit-and-run et qu’il ne faut plus s’attendre à des perturbations. Cela me semble douteux, étant donné le changement de focalisation du chef de groupe, mais cela ne peut être évalué que sur le terrain.

De nombreuses énoncés ont également été faites sur la after-action-review (AAR ; pourquoi cela a-t-il pu arriver ?). Dans le domaine du commandement, il n’est pas très cohérent de poursuivre en plein jour une mission qui a été délibérément menée à l’abri de l’obscurité. Lutter contre les effets négatifs de la routine est en outre une tâche de leadership. Parviendrai-je à développer et à maintenir une culture professionnelle qui, même sous la pression et la fatigue, ne dérive pas vers la commodité et l’imprudence ? Il s’agit d’une tâche de conduite exigeante et permanente. Enfin, au niveau de la gestion, des questions organisationnelles se posent rétrospectivement : le retard du chargement aurait-il pu être évité ? L’alerte et le déclenchement de la réserve fonctionnent-ils ? Les procédures de sauvetage sont-elles connues ? Certains aspects ne relèvent pas seulement de la tactique ou de la culture, mais tout simplement de l’organisation. En fin de compte, l’AAR ne consiste pas uniquement à identifier les erreurs, mais aussi à en tirer les conséquences pour l’avenir – du commandement (standards de techniques de combat) au leadership (culture professionnelle) et à la gestion (planification des engagements).

Parmi tous les participants, c’est le cap Flurin Jossen qui a rassemblé tous ces points de la manière la plus concise. Nous le félicitons d’avoir gagné le Tactical Decision Game #4, lui souhaitons une bonne lecture de « Concrete Hell » de Louis A. DiMarco et remercions tous ceux qui ont pris la peine de soumettre une solution ou qui en ont discuté à une autre occasion, avec des camarades ou des amis.

Liens complémentaires

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